Présence & (co)Régulation

Chez moi, la présence se manifeste lorsque je suis attentive à mes sens, à mes sensations corporelles, à mes émotions et à mes pensées. C’est aujourd’hui une pratique de ma vie quotidienne qui me permet d’être en connexion avec mon élan vital et ma vision, et donne du sens à mon existence.

Elle se manifeste également dans la relation à une autre personne lorsque je l’écoute avec cette même qualité d’attention, en me rendant totalement disponible pour explorer avec elle le monde de son propre point de vue. Corporellement, cela se manifeste par une posture d’ouverture, par le regard, l’acquiescement, tout en restant attentive à l’effet de mon attitude sur la personne que j’écoute : se sent elle en sécurité pour être elle-même en toute liberté ? Pour partager avec moi ce qui se passe en son for intérieur, questionner ma posture, me faire des demandes sur ce qui pourrait contribuer à son bien-être ou encore poser ses limites ? Sans cette base de sécurité, je doute qu’un processus de croissance ou de guérison puisse aller très loin.

La régulation correspond à la capacité de revenir à l’équilibre et à la disponibilité à soi et à l’environnement en autonomie.

La co-régulation est le phénomène qui se produit lorsqu’une personne offre sa disponibilité et son attention à une autre personne pour permettre à son système nerveux de revenir à un état de détente.

Ces questions sont importantes pour moi car je souhaite contribuer à permettre aux personnes de se sentir en sécurité pour pouvoir vivre le plaisir d’être au monde, de savoir ce qu’elles veulent et de faire des choix libres et éclairés pour concrétiser leurs aspirations profondes.

Je présente ci-dessous une chronologie de mes explorations autour de cette question de la présence, de la régulation et de la co-régulation, ainsi que la manière dont j’ai digéré mes apprentissages pour leur donner forme dans ma pratique actuelle auprès des personnes et des groupes.

Prémices

En 1996, enceinte de mon 1er fils, j’ai entrepris une démarche de psychothérapie pour faire le tri dans mon héritage culturel, social et familial et me libérer de ce qui n’allait plus m’être utile. Cette expérience d’être écoutée, d’apprendre à me connaître et de tracer mon propre chemin est le fil rouge de tout ce qui suit. Ce travail se poursuit aujourd’hui.

En 2003, j’ai fais une formation de doula pour offrir un accompagnement aux parents autour de la naissance. L’école proposait un module sur l’écoute. Je vous avoue avoir ai fait le module 2 fois sans avoir compris comment mettre la théorie en pratique.

En 2005, je me suis lancée dans une formation à l’accompagnement par l’haptonomie qui a profondément changé mon rapport à l’expérience. Je me suis mise à me concentrer sur ce que je pouvais percevoir, sentir, explorer par moi-même. J’ai également appris à incarner une présence par le toucher à la fois réceptive et confirmante.

L'approche centrée sur la personne

Carl Rogers

Durant mon parcours de formation à l’Approche Centrée sur la Personne du psychologue américain Carl Rogers, entre 2008 et 2014, j’ai fini par apprendre à écouter ! J’ai été initiée au pouvoir de la connexion par l’écoute empathique, la considération positive inconditionnelle et la congruence.

J’ai appris à être présente à l’autre tout en restant connectée à moi-même. J’ai compris que je pouvais me mettre au service d’un processus même si je ne le comprenais pas à priori et que je pouvais lui faire confiance même s’il me semblait loin de ce que j’aurais considéré comme logique ou raisonnable. Par ailleurs, je me suis rendu compte que c’était même la meilleure manière de créer de les conditions favorables pour permettre à la personne en face de moi d’actualiser son potentiel.

Cette formation a été très difficile sur le plan humain. J’y ai beaucoup gagné en détermination !

Entre 2008 et 2015, j’ai également fait ponctuellement l’expérience du Focusing, approche développée par un collègue de Rogers, Eugene Gendlin, sans vraiment parvenir à m’approprier cette technique pour une utilisation quotidienne.

« A mes yeux, l’expérience est l’autorité suprême. Ma propre expérience est la pierre de touche de toute validité.
Aucune idée, qu’il s’agisse de celles d’un autre ou des miennes propres, n’a le même caractère d’autorité que mon expérience.
C’est à elle que je dois revenir sans cesse, pour m’approcher de plus en plus de la vérité qui se développe graduellement en moi. »

Carl Rogers, Le Développement de la Personne, 1961.

Mouvement et créativité

Natalie Rogers

En 2011, je rencontre Natalie Rogers dans le cadre de sa formation Expressive Arts as Healing and Social Change.

C’est une personne dont la présence et offrait une grande liberté. Elle m’a beaucoup inspirée et soutenue dans la création de La Croisée des Chemins, qui allait devenir la 1ère école démocratique de France.

J’ai découvert avec elle un monde de possibilités dont je témoigne sur la page consacrée à l’utilisation du jeu et de la créativité.

Je participe en parallèle à la formation offerte par Anne Expert et Mandoline Whittlesey sur l’utilisation du mouvement dans l’accompagnement des personnes.

Je découvre le Contact-improvisation, une pratique de danse qui implique le contact et l’improvisation. Je me passionne pour cette exploration, qui me place face au défi de l’espace, de l’image de moi et de la rencontre avec l’autre dans la vérité du moment, sans programme ni codification préétablie.

Habiter l'ici et maintenant

C’est également l’époque où je rencontre, au travers d’une citation de Swami Prajnanpad, les livres d’Arnaud Desjardins, dont la lecture m’a accompagnée pendant de nombreuses années. Cet enseignement m’a permis de poser les bases d’une pratique de présence et d’accueil de ce qui est dans l’ici et maintenant.

Arnaud Desjardins

L'ancrage dans les sensations corporelles

L’année 2019 a été riche de découvertes et d’explorations :

J’ai participé à un stage d’Honnêteté Radicale et y ai découvert comment l’attention à la sensation corporelle permet d’ancrer sa présence dans le moment, d’apaiser l’activité mentale et d’oser la vérité de soi en acceptant l’inconfort momentané de sensations diverses et variées.

J’ai suivi un cycle de Méditation de Pleine Conscience au sein duquel j’ai fait l’expérience de la pratique du scan corporel, qui consiste simplement à mettre son attention dans chacune des différentes parties du corps. Sentir que mon corps est vivant, et m’entraîner à sentir qu’il s’y passe toutes sortes de mouvements subtils m’a permis, progressivement, de m’ancrer dans le moment présent et d’évoluer dans le monde avec plus de confiance, un petit pas à la fois.

J’ai lu le livre Réveiller le tigre, de Peter Levine, et j’ai suivi l’un de ses cours d’introduction à la Somatic experiencing avec Thomas, mon compagnon. J’ai ainsi pu faire le lien entre l’attention à la sensation corporelle et la libération des traumatismes. En 2020, j’ai fait quelques mois l’expérience de séances de thérapie avec une thérapeute formée à cette approche ainsi qu’au Narm, créé par Laurence Heller, plus spécifiquement centrée sur les traumatismes de la toute-petite enfance.

Fleur et Brad Blanton, 8-day workshop, Phoenix, 2019.

« La conscience physique est le premier pas pour se libérer la la tyrannie du passé. (…) Ce n’est qu’en reprenant contact avec son corps, en se connectant avec soi-même, que l’on peut retrouver la notion de son identité, de ses priorités et de ses valeurs. »

Bessel van der Kolk, Le corps n’oublie rien.

Attachement, sécurité et traumatisme

Stephen Porges

C’est dans le cadre d’une formation au Ritual Play avec Marina Kronkvist que j’ai découvert des travaux de Stephen Porges sur le fonctionnement du système nerveux autonome.

Sa Théorie Polyvagale me passionne depuis et je ne cesse d’en approfondir ma compréhension. Présentée en 1994, elle met en lumière la programmation biologique qui fait de nous des êtres éminemment sociaux.  Notre système nerveux est en effet en relation permanente avec les signaux de l’environnement, notamment notre environnement humain, pour y évaluer la probabilité de danger. L’importance de la capacité à se synchroniser avec d’autres humains et le fait de ressentir l’harmonie est à la base de notre équilibre intérieur.

Dans son livre Le corps n’oublie rien, van der Kolk écrit : « Pouvoir se sentir en sécurité avec les autres est l’aspect le plus essentiel de notre santé mentale ; les liens rassurants sont indispensables à une existence épanouie et pleine de sens. »

Les travaux de John Bowlby  ayant abouti à la formulation de la théorie de l’attachement ont montré que dès le tout début de notre vie, nous avons un besoin biologique de développer une connexion fiable aux personnes qui prennent soin de nous.

Or pour que cet attachement soit sécure, nous avons besoin de personnes capables de prendre soin de nous avec attention, tendresse et affection. Plus que tout, nous avons besoin de personnes capables de répondre de manière adéquate à notre expérience sensorielle au travers du toucher, du portage et de la réponse à la réalité physique du bébé au travers de ses sensations internes, ainsi que l’ont montré les travaux de Donald Winnicott sur l’accordage parent-bébé.

Mary Ainsworth et Mary Main ont observé les stratégies d’adaptation du bébé face aux comportements parentaux générant de l’insécurité. Or, et c’est intéressant à plus d’un titre en terme de perspectives d’information, d’accompagnement, et de politique de santé publique, ces schémas d’attachement persistent souvent en grandissant : l’expérience physiologique du bébé et la qualité de ses premières expériences relationnelles sont significativement prédictives de la qualité de sa vie et de ses interactions dans sa vie adulte.

Nous sommes donc câblés pour la co-régulation ! Nous avons besoin des autres et les autres ont besoin de nous pour s’épanouir et renégocier les mémoires des difficultés passées ! Face à un interlocuteur disponible pour la relation, je peux me détendre. Si cette personne est sur ses gardes, cela peut me mettre en alerte, ou m’inciter à lui faire comprendre qu’elle n’a rien à craindre de moi. Elle peut ainsi retrouver de la confiance, non seulement dans la relation avec moi, mais aussi de la confiance en elle et dans les relations avec les autres humains en général.

Le traumatisme arrive par l’échec de cette synchronisation. Le système nerveux n’ayant pu trouver d’issue pour permettre au corps de se mobiliser par l’attaque ou la fuite puis le retour au calme, il garde une mémoire d’un événement non terminé : une mémoire traumatique, figée.

En attendant d’être libérée, cette mémoire agit sur les situations qu’elle associe au danger précédemment rencontré et vient perturber la réponse normale du système nerveux.

Or nous savons aujourd’hui qu’il est possible de sortir du figement du traumatisme en permettant au corps de reprendre le chemin d’une réaction appropriée, par l’information, l’accompagnement, l’écoute patiente des sensations corporelles, l’observation libre des émotions, images et pensées dans la sécurité retrouvée auprès d’un-e thérapeute compétent-e.

Inversement, lors d’un accident, d’une agression, d’une catastrophe naturelle ou de tout autre événement dangereux, c’est en prêtant attention à ses sensations qu’il est possible de ne pas être atteint-e d’un syndrome de stress post-traumatique.

Je perçois donc le défi de la présence, de la régulation et de la co-régulation comme un défi capital pour la suite de l’aventure humaine sur la Terre. Nous avons les moyens aujourd’hui d’enrayer la violence, de guérir les traumatismes individuels et collectifs, de permettre à nos petits d’être accueillis en conscience, de soutenir les parents, de former les personnels de l’enfance et les profs, les employeurs, les personnels de santé, les thérapeutes… pour un monde au service de la sagesse du vivant.

 

Un nouveau regard sur la santé et la guérison

Ces recherches ont révolutionné ma compréhension de la pratique thérapeutique et de l’accompagnement des personnes. J’espère qu’elles vont révolutionner la vôtre !

Elles m’ont permis de comprendre les difficultés, inexplicables jusqu’alors, que nombre d’entre nous, acteurs et actrices du changement, rencontrons au sein de nos environnements collectifs.

Elles donnent une assise théorique à toute les pratiques millénaires de cohésion sociale et de guérison au travers du rituel, du conte, du chant, de la danse et des arts en général. Elles nous permettent de considérer l’écoute, la sécurité affective et le choix de pouvoir décider de sa vie en toute liberté comme des ingrédients de base d’une vie pleinement humaine, et non comme un paradis perdu : il n’est en effet jamais trop tard ni pour apprendre à être présent ni pour entreprendre une démarche de guérison de traumatismes anciens.
 

C’est pourquoi je considère aujourd’hui la compréhension du fonctionnement du système nerveux autonome ainsi que des mécanismes du traumatisme comme des incontournables pour toute personne cherchant à se comprendre et / ou ayant une activité au contact d’autres personnes : professionnels de la santé, de la naissance et de la parentalité, professionnels de l’enfance, profs, formateurs, travailleurs sociaux, responsables à différentes échelle de la vie sociale et politique, employeurs…

 

J’ai eu la chance d’être mise sur la voie du développement personnel et des pratiques corporelles et créatives tôt dans ma formation. Je pense que cela a grandement contribué à me permettre de traverser les épreuves de la vie avec courage et détermination. Par ailleurs, je n’ai que rarement douté de la capacité des humains à trouver la la paix.

Aujourd’hui, plus que jamais, je veux contribuer à l’émergence d’une culture planétaire de la Connexion au Vivant, du Dialogue Authentique, de la Responsabilité et de l’Action Collective Régénératrice.

 

Mon approche & mes propositions

Pour explorer ce champ de la présence, de la régulation et de la co-régulation, l’approche que je propose est une invitation au dialogue, à l’écoute du corps, à la liberté de faire des expériences pour répondre à ses besoins les plus profonds.

Ma perspective est intégrative, c’est-à-dire ouverte à tout ce qui peut « marcher » pour aller vers une plus grande capacité à être dans le triple mouvement de l’écoute de soi, de la congruence et de l’action régénératrice.

Si vous avez des questions, des réactions ou l’envie de partager quelque chose avec moi,  je serai contente de vous lire et de vous répondre.

Bibliographie

Carl Rogers
Natalie Rogers
Natalie Rogers
Peter Levine
Laurence Heller et Aline LaPierre
Les Chemins de la Sagesse (3 tomes)
A la recherche du soi (4 tomes)
Un autre livre : Nouvelle Terre

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