IL est grand temps de leur dire STOP !

Le 2 mars 2022, suite à la lecture d’une citation de Marjane Satrapi, j’ai publié cet article :  

« Un clivage profond existe en effet entre les intérêts des peuples du monde et celui des gouvernements de nos États respectifs. Lorsque j’étais plus jeune et que je fréquentais les milieux anarchistes, j’imaginais que mes camarades étaient durs dans leurs jugements vis-à-vis des responsables politiques, parce que ces gens étaient au fond des personnes qui faisaient de leur mieux face à des situations complexes, et auxquelles il aurait probablement été possible de faire entendre raison.  

J’ai changé d’avis : je pense aujourd’hui que ces personnes sont inaccessibles, qu’elles vivent dans une autre réalité à tous points de vue, coupées d’elles-mêmes, coupées de la réalité du monde, coupées des souffrances des humains et des autres êtres vivants. Cette image de dissociation me fait penser que ces personnes sont très malades, qu’elles sont atteintes de pathologies graves qui entraînent le malheur des peuples et la dévastation de l’environnement.  

Nous avons un grand chantier de guérison à mener pour ouvrir les yeux sur cette réalité : ces gens ne veulent pas notre bien. Pas du tout. Même si ça fait mal, même si c’est difficile à croire, même si nous aurions tellement voulu pouvoir faire confiance à ceux auxquels nous avons confié de si grandes responsabilités. Comme cela fut le cas avec nos parents, dont nous aurions tellement aimé qu’ils soient à l’écoute, compréhensifs et en soutien… et dont peut-être nous espérons encore aujourd’hui, secrètement, qu’ils nous reconnaissent et nous chérissent comme nous le méritons !  Il est temps de grandir, il est temps de faire le deuil, le temps est venu pour les peuples du monde de devenir adultes et de cesser d’attendre que papa et maman fassent le boulot : cette famille dysfonctionnelle a montré qu’elle ne pouvait pas prendre soin de la Terre et de ses habitant-e-s.  Ils sont ici – le mot famille est dans le titre, « Family photo of the 2019 G20 Osaka summit » – et aussi dans le film de Raoul Peck : Exterminez toutes ces brutes, que je vous recommande vivement. Sincèrement, de vous à moi, avez-vous confiance dans cette brochette d’hommes encravatés, sourires aux lèvres, fleur ou médaille du mérite à la boutonnière ? 

Brad Blanton raconte dans son livre Radical Parenting qu’il s’est occupé de son jeune frère dès l’âge de 9 ans, ses parents étant incapables de prendre soin de lui. A l’âge de 13 ans il a posé à ses parents un ultimatum : il leur avait pris l’argent nécessaire pour éviter d’être expulsés de leur maison et leur a dit qu’il tuerait son jeune frère s’ils ne prenaient pas la décision de le confier à sa grand-mère. Les enfants ont ainsi pu échapper à leurs bourreaux en étant confiés à différents membres de la famille. Brad avait déjà affronté physiquement son beau-père et lui avait fracturé le crâne et cassé plusieurs côtes pour se protéger. 

Si des enfants ont ce courage de prendre soin et de protéger les plus jeunes contre les périls qu’ils encourent à rester sous la coupe de ceux qui seraient censés faire ce travail, que nous est-il arrivé à nous les adultes, à nous, les citoyens « majeurs et vaccinés », à nous, l’humanité ? 

Je vous invite à regarder le film Wisdom of Trauma, sur le travail de Gabor Maté, ou encore la vidéo de la présentation de Thomas Marshall intitulée « Comment cesser notre auto-destruction ? Vers une culture de la transformation des traumatismes ». Vous pouvez également suivre mon actualité : mon travail est une tentative de répondre à cette question et de proposer des pistes d’actions concrètes. 

Je crois en notre capacité à voir la réalité en face et à y répondre collectivement de manière adéquate, pas-à-pas, pour reprendre notre pouvoir, et remettre les fous qui nous gouvernent à leur place. Le fantasme de contrôler l’univers : OK, chacun-e peut faire ce qu’il ou elle veut dans sa tête ou avec ses potes consentant-e-s. Tenter de le faire pour de vrai : c’est STOP !  

Je formule cette intention que nous parvenions à trouver la force et à mettre en place les organisations collectives puissantes et résilientes dont nous avons besoin pour poser ensemble ce STOP salvateur. » 

A la suite de cet article, une personne m’a répondu : « Merci Fleur, vraiment intéressant… Ça me donne envie de te demander : mais comment à ton avis ??? Comment faire entendre ce STOP ? Quel genre d’organisation collective résiliente et puissante imagines-tu ? »

La suite de cet article est la réponse que j’ai écrite pour répondre à cette question : comment faire entendre ce STOP ? 

Ce qui m’est venu, d’abord, en réfléchissant à la manière de répondre à cette question, c’est de parler de ce que j’ai fait « à mon petit niveau » pour parvenir à faire face à la réalité du monde sans être débordée par le stress et paralysée d’effroi. Par exemple, pendant des années, bien qu’ayant participé à l’atelier sur le Travail qui Relie, je n’ai pas pu lire les livres de Joanna Macy (1) : c’était trop pour mon système et je n’étais pas en mesure de faire face au flot d’angoisse que la lecture des périls encourus par l’écosystème terrestre faisait monter en moi. Sans rentrer dans le détail sur toutes les étapes de mon parcours ainsi que les croyances et les pratiques qui me permettent de me tenir debout et d’avancer vers ma vision avec détermination, j’aimerais partager quelques éléments qui m’apparaissent vraiment fondamentaux. 

En premier lieu, la découverte du fonctionnement du système nerveux autonome a été pour moi un tournant majeur : j’ai découvert que j’avais la capacité de réguler mon système nerveux par l’attention à mes sensations corporelles (2) ainsi qu’en étant attentive à faire la distinction entre mes pensées et la réalité du monde qui m’entoure et dont je fais partie (3). Une révolution, car j’ai cessé d’être la victime impuissante d’états émotionnels fluctuants. Cela me permet aujourd’hui, la plupart du temps, d’être disponible pour le moment présent, de me connecter à mes ressources et d’avancer vers ce qui compte le plus pour moi. 

D’autres éléments importants qui ont contribué à ma santé bio-psycho-sociale (4) : 

– Le fait de disposer d’un cercle de soutien pour pouvoir compter sur l’écoute de personnes aimantes est un incontournable à mon avis dans l’émergence de projets de transformation sociale. J’ai compris ce rôle de l’écoute très tard, vers 2008 environ (5) – cela a très positivement changé ma vie. Je réfléchis en ce moment à mettre en place plusieurs groupes de soutien et d’apprentissage pour avancer avec d’autres dans plusieurs domaines qui me tiennent à cœur (6).  

– Le fait d’être accompagnée (écoute, massage) dans les moments où je ne parviens plus à être en équilibre est un autre élément important. Notamment, après plus de 20 ans de thérapie, la découverte de la Somatic experiencing (7) a été un événement notable à la fois pour moi et pour mon compagnon, Thomas Marshall. Le fait d’explorer mon histoire familiale, et au travers de cette histoire singulière, l’histoire de l’humanité, m’a permis d’avancer dans l’acceptation de mon passé, de mes parents, du fonctionnement humain et des phénomènes de groupes qui régissent la vie des humains en société. Par ailleurs, je tiens un journal depuis 25 ans (dessin, écriture), qui me permet de déposer mon vécu, de clarifier mes pensées et de trouver de nouvelles perspectives.  

– Pendant de nombreuses années, la vie avec Thomas a été mouvementée : nous avons vécu moult conflits, qui se sont à la fois avérés être de belles opportunités de guérison pour nous deux. Ces processus nous ont permis de construire une relation aimante et robuste, qui nous porte et nous nourrit. Notre mariage représente le noyau de confiance, d’engagement et de ressourcement sur lequel repose notre action dans le monde. Je ne peux dire ce que la vie m’aurait amenée à vivre si je n’avais pas rencontré Thomas, j’ai en tout cas une immense gratitude pour l’amour qu’il me témoigne depuis 9 ans, pour sa patience, son soutien et sa foi en moi, ses encouragements répétés et son regard positif inconditionnel. J’imagine que cette relation a eu un effet déterminant sur ma capacité à oser porter ma voix dans le monde et continue à soutenir ma démarche d’expression et d’affirmation. 

– Un autre élément important est la lecture de témoignages de personnes qui se sont consacrées leurs vies durant à une cause, à une recherche, ainsi que l’entretien de liens avec des personnes qui portent des visions de transformation, des visions d’espérance. Je suis entourée de livres car ils me rappellent que je ne suis pas seule, bien au contraire ! Nous sommes nombreux-ses sur Terre à vouloir vivre en paix les un-e-s avec les autres et en harmonie avec notre environnement. Sur mon site, vous trouverez les portraits et les œuvres de personnes – et notamment de femmes – qui comptent pour moi, m’inspirent et soutiennent mon engagement dans le monde. Je pense ici en particulier à Natalie Rogers, qui a beaucoup compté pour moi : elle a eu foi dans mes rêves et m’a soutenue dans leur matérialisation.  

Le phénomène de la violence, ses racines et comment éviter la reproduction mimétique sur les plans personnels et collectifs mobilise mon attention depuis maintenant 20 ans. Récemment, j’ai regardé la série de Raoul Peck Exterminez toutes ces brutes, deux fois. J’ai ressenti un électrochoc. Mais un électrochoc salvateur, qui me pousse à l’action, pas un juste un choc paralysant. Je l’explique ainsi : l’ensemble des ressources énumérées ci-dessus (et d’autres que je n’ai pas listées ici, cela pourra faire l’objet d’un autre article…) me permet aujourd’hui de regarder la réalité du monde sans paniquer. Je peux ainsi trouver ma place pour contribuer là où je pense que ma voix et mon action peuvent faire la différence.  

La série (4 films en tout) se termine sur cette phrase : « Ce n’est pas le savoir qui nous manque. » Non, ce n’est pas le savoir qui nous manque, mais la capacité, à mon sens, de voir, au sens de sentir, de se laisser toucher par la réalité du monde (8). Ce mouvement est un incontournable pour faire le choix de s’engager dans la transformation du monde. Il ne peut se produire que si nous sommes à même de réguler, par l’accès à des ressources, nos systèmes nerveux autonomes. C’est à cette condition que le vernis du déni, qui nous permet de mener nos vies « à distance » de la souffrance du monde (y compris de la nôtre…) pourrait se craqueler pour nous permettre d’embrasser la réalité et de nous engager pleinement pour la Terre.  

Cela me conduit à la question suivante : Quel genre d’organisation puissante et résiliente est-ce que j’imagine ? 

Cette vision dont je parle ci-dessus :  « vivre en paix les un-e-s avec les autres et en harmonie avec notre environnement », j’imagine que nous sommes nombreux-ses à pouvoir nous y retrouver. Je n’ai pas de formule prête à l’emploi pour répondre à l’ampleur des défis posés par la crise que nous traversons ; j’aimerais cependant partager avec vous l’inspiration que m’apporte le travail d’Elinor Ostrom sur la gestion des communs (9).  

Je considère notre planète comme un commun potentiel. Commun parce que la Terre est un écosystème dans lequel nous vivons, sommes en interaction les un-e-s avec les autres et au sein duquel nous agissons, dans le sens du maintien ou de l’amenuisement des ressources de la biodiversité. Et potentiel parce que qui dit « commun » dit : groupe constitué autour d’une identité et de buts communs, ce qui n’est pas le cas de l’humanité à ce jour. 

David Sloan Wilson a travaillé avec Elinor Ostrom pour généraliser les 8 principes mis en évidence lors des recherches empiriques sur la gestion des communs. L’intention est que tout groupe ayant un projet commun (couple, famille, collectif, association, entreprise…) puisse s’en saisir dans une démarche d’amélioration collective. Cet outil a été intégré à une méthodologie d’aide au changement nommée Prosocial (10). L’application de ces principes à différentes échelles me semble constituer une feuille de route réaliste pour avancer dans la matérialisation d’organisations collectives « puissantes et résilientes ». 

Le 1er principe de design est le partage d’une identité et de buts partagés. Il s’agit là d’une dimension capitale pour un groupe, de savoir qui en fait partie et de ce que sont les intentions de la nouvelle entité ainsi formée : que voulons-nous accomplir ensemble ?  Le 8ème principe de design consiste à mettre en œuvre les mêmes principes mais à l’échelle supérieure, c’est-à-dire avec dans la coopération avec d’autres groupes, à commencer par le 1er principe sur l’identité et les buts partagés. 

Voici donc mon hypothèse de travail :  Pour pouvoir « dire STOP » collectivement, nous avons besoin d’écosystèmes humains robustes dans leur fonctionnement interne et capables de tisser des liens du même type avec d’autres écosystèmes humains, jusqu’à parvenir à former une masse critique déterminée qui tienne bon dans la durée. 

« Dire STOP » se joue donc simultanément sur plusieurs niveaux parallèles et interconnectés :

1) Le niveau de ma santé et de ma résilience sur le plan personnel.
2) Le niveau de mes relations interpersonnelles, très connecté au 1er niveau, pour assurer la santé de mon écosystème humain de proximité.
3) Le niveau de mon implication au sein de différents groupes humains : vie citoyenne, associations, entreprise.
4) Le supra-niveau constitué de la coopération de ces groupes humains au sein de groupes de groupes, partageant une vision commune positive et mobilisatrice.  L’ensemble des huit principes de design donnent des axes de travail pertinents pour mener cette transformation aux différentes échelles (11).

Atteindre ce niveau critique nous permettra de poser les bases d’une gestion des ressources communes donnant l’opportunité à tou-te-s de vivre dans la dignité. Cette nouvelle gestion commune sera garantie dans sa pérennité par des institutions internationales au fonctionnement éthique (12) pour limiter les effets des penchants de domination et de destruction existant chez des personnes qui ne sont ni en mesure de se réjouir du fait de partager les ressources avec d’autres, ni de contribuer à l’entretien d’un cercle vertueux de relations avec la Terre (je pense ici aux milliardaires et autres prédateurs). 

Enfin, dire STOP, c’est avant tout mener une bataille fondamentale : celle des valeurs. Afin que, comme nous l’observons avec le mouvement Me too, il ne soit plus possible d’agir de manière anti-sociale et anti-écologique sans que ces agissements ne soient considérés publiquement comme dangereux et criminels, c’est à dire tout simplement inacceptables. 

A ces fins, il me semble urgent :

– de renverser l’idée que la seule structure sociale possible pour l’humanité soit basée sur l’existence de dominant-e-s et de dominé-e-s,
– et de retrouver la conscience et la créativité politique que nous possédons en tant qu’homo sapiens depuis la nuit des temps (13). 

Pour terminer cet article, et dans la perspective d’un prochain pas constructif à la portée de tou-te-s, je partage avec vous cette citation trouvée au cours d’un moment de lecture fait ce matin (14) : 

 « Parmi les gens qui ont oeuvré pour accomplir des changements de grande envergure – dont certains ont remporté le Prix Nobel de la paix – beaucoup ont commencé par l’acte simple mais courageux de discuter entre amis de leurs craintes et de leurs rêves. En examinant ce qui a donné l’impulsion à nombre de ces accomplissements, j’ai toujours retrouvé cette phrase : « Avec des amis, on s’est mis à parler… » 

Je vous souhaite de belles discussions entre ami-e-s et de trouver votre couleur propre pour répondre aux défis du « grand tournant » (15), et serais heureuse d’être invitée à célébrer vos accomplissements !

1   Joanna Macy, auteure de Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre, créatrice du Travail qui relie, une méthodologie pour les groupes visant à nous reconnecter à notre ressenti lié aux destructions du vivant, et à trouver des forces pour faire face ensemble à cette situation.
2   Le schéma qui m’a ouvert les yeux : celui de la fenêtre de disponibilité, « The window of tolerance » (Dan Siegel), sujet sur lequel il n’existe à ma connaissance aucune ressource francophone, accompagné de la présentation de la théorie polyvagale de Stephen Porges.
3   Je dois cette pratique à Brad Blanton, créateur de l’Honnêteté Radicale.
4   Un article sur ce sujet : Le modèle biopsychosocial : beaucoup plus qu’un supplément d’empathie. https://colibris.link/VYJyq
5   Date à laquelle j’ai commencé une formation de psychothérapeute dans l’approche centrée sur la personne, du psychologue américain Carl Rogers.
6   Entre autres sujets : La question de l’éthique dans l’accompagnement des personnes. L’utilisation du mouvement, de la créativité et du rituel dans les groupes. La facilitation de très grands groupes. L’action politique citoyenne.
7   Peter Levine, créateur de cette approche, a écrit le livre Réveiller le tigre.
8   J’ai écrit une lettre à Raoul Peck pour lui demander comment il explique le déni dans lequel nous vivons. Je lui ai soumis mon point de vue. A ce jour, je n’ai pas reçu de réponse de sa part.
9   7.08/1933 – 12.06/2012. Politologue américaine, elle a reçu en 2009 le Prix Nobel d’économie « pour son analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs » https://fr.wikipedia.org/wiki/Elinor_Ostrom
10   https://prosocial.world
11   Vous trouverez très bientôt sur mon site une page détaillant les 8 principes de design.
12   Le livre Prosocial (à ce jour non traduit en français) expose comment ces principes permettent de sortir de l’alternative insatisfaisante entre les 2 modèles de gestion habituels : marché dérégulé ou régulation centralisée. En effet, il a été démontré que la meilleure gestion des communs repose sur l’auto-gouvernance. Cela suppose par
exemple des changements juridiques afin que le droit de propriété des actionnaires perde sa prééminence dans la gestion des entreprises.

13   Voir à ce sujet Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité, par David Graeber et David Wengrow.
14   Margaret Wheatley, Dear friends and colleagues, in Turning to one another, Oakland (CA), Berrett-Koehler Publishers 2009, cité dans L’espérance en mouvement, de Joanna Macy et Chris Johnstone.
15   Sur le site https://ecopsychologiefrance.wordpress.com/thematiques/le-grand-tournant/ vous trouverez cet article sur Le Grand tournant, dont voici un extrait : « Le concept et l’approche du Grand Tournant (« Great turning ») ont initialement été inventés et théorisés par l’économiste américain David C. Korten avec son ouvrage «The Great Turning: From Empire to Earth Community» (2006). L’écophilosophe Joanna Macy a élaboré sur ce concept et l’a développé de manière très éclairante et pragmatique, selon moi, pour approcher la crise écologique actuelle et proposer trois dimensions d’actions pour contribuer à la résoudre. (…) Le Grand Tournant – appelé ailleurs Révolution Ecologique – est le nom de l’aventure cruciale de notre temps : le passage de la société de croissance industrielle à une civilisation soutenable pour la vie. (…) Une révolution est en marche parce que les gens se rendent compte que nos besoins peuvent être satisfaits sans détruire notre monde. Nous avons les connaissances techniques, les outils de communication et les ressources matérielles pour produire assez de nourriture, pour garantir un air pur et suffisamment d’eau et pour répondre à nos besoins énergétiques rationnels. Les générations futures, s’il y a un monde vivable pour eux, tourneront leur regard vers cette transition historique vers une société soutenable pour la vie que nous sommes en train d’expérimenter aujourd’hui même. Et ils pourraient bien appeler cette période le Grand Tournant. »